Quand j’étais enceinte de ma deuxième fille, je suis tombée sur un article, dans un célèbre magazine dédié aux parents, qui abordait le délicat problème du « je trouve mon bébé moche ».

L’article tentait de rassurer les mamans inquiètes. Il disait en gros qu’il était possible que bébé soit un peu amoché par l’accouchement, mais qu’en quelques jours / semaines, il serait devenu le plus merveilleux des nourrissons.

A l’époque, j’avais trouvé ça d’une profonde niaiserie. Car si je regarde les enfants autour de moi (et les adultes aussi d’ailleurs), je me rends bien compte qu’ils n’ont pas tous des physiques de magazine…

Au secours je trouve mon bébé moche

Néanmoins, l’article avait éveillé ma curiosité et soulevé en moi la question :

Et si je trouve mon bébé moche ?

Comment réagir si le physique de mon tout petit n’est pas dans la « norme » ? Est-ce que ce type de pensée fait de moi une mauvaise mère ? Comment l’aimer quoi qu’il arrive ? 

Pourquoi je trouve mon bébé moche ? Origine de cette mauvaise impression

L’article du magazine en question n’avait pas complètement tort.
C’est vrai que le bébé à la naissance n’est pas au top de son potentiel de beauté ! Il peut être marqué par l’accouchement et ne pas correspondre à l’image du bébé lisse, propre et rose qui est véhiculée dans les films et séries.

A la naissance, le décalage entre la projection du bébé parfait et le réel peut déstabiliser les parents vis-à-vis de l’aspect de leur tout petit.
Les jeunes mamans s’attendent souvent au coup de foudre immédiat pour leur bébé, à cet émerveillement instinctif représenté dans les médias.

Et si ce sentiment n’est pas présent instantanément, elles peuvent en être grandement perturbées.
C’est l’expérience que j’ai vécu avec mon premier enfant. J’étais surprise, intriguée, déboussolée face à ma fille. L’amour et l’émerveillement sont venus plus tard….

Les mamans avec qui j’ai échangé sur le sujet ont confirmé que dans la plupart des cas, les défauts physiques liés à l’accouchement s’estompaient en quelques jours.

Mais que ce passe-t-il si la pensée « je trouve mon bébé moche » persiste ? La peur du regard des autres, du jugement, font leur apparition, avec parfois de la culpabilité et une remise en question de sa capacité à être une bonne mère !

 

Culpabilité, honte et peur du jugement

Je trouve mon bébé moche…

Cette petite phrase vous trotte dans la tête et insinue le doute en vous

Rassurez-vous, vous n’êtes pas un monstre ou une mauvaise mère. Vous êtes simplement une maman qui entre dans la réalité de la maternité. Qui sort des fantasmes pour faire la connaissance avec son enfant. Pour le découvrir, l’apprivoiser et apprendre à l’aimer pour ce qu’il est.

Notre société a tendance à accorder beaucoup (trop ?) d’attention à la beauté physique, même en ce qui concerne nos bébés. Il est donc normal pour un parent d’avoir de l’appréhension sur ce que les autres vont penser de son enfant.

Se poser ce type de questions peut être une excellente occasion de faire un petit travail sur soi, une introspection, pour reconsidérer son rapport à la beauté, à l’amour, au jugement et au regard des autres…

Comment réagir si je trouve mon bébé moche ?

1.      Stop à la culpabilité !

Vous n’êtes pas responsable du physique de votre enfant ! Vous n’avez pas décidé de lui léguer les oreilles décollées du grand-père, le strabisme de la tata, ou n’importe quel défaut physique d’un côté ou de l’autre de la famille !

Votre bébé est tel qu’il est. Son physique, son caractère, ce sont des faits extérieurs à vous que vous ne maîtrisez pas. Pour vous, ce sont des circonstances et vous avez le droit de penser ce que vous voulez de votre enfant. Et votre entourage aussi. Ça ne fait pas de vous un mauvais parent. Emettre des jugements est un comportement humain tout à fait normal alors ne culpabilisez pas si vous vous surprenez à juger votre bébé (on reparle en détail de quoi faire des jugements dans la suite de l’article).

Vous avez comme pensée « Je trouve mon bébé moche » ? Et bien ce n’est qu’une pensée… Vous n’êtes pas cette pensée ! Elle ne vous définit pas et vous avez la possibilité de vous en détacher.
La beauté est un critère très subjectif, et l’amour que vous développerez pour votre enfant ira bien au-delà des normes en matière de beauté.

 

2.      Relativiser et dédramatiser

J’ai une question pour vous : est-ce que les personnes que vous aimez sont toutes des canons de beauté ?

Probablement que non…

Le physique d’une personne ne détermine pas sa capacité à être aimé, et heureusement ! Nous sommes tous dignes d’amour, tout simplement parce que nous avons une valeur intrinsèque et inconditionnelle.

Non, nous ne sommes pas tous beaux, magnifiques et photogéniques (sauf dans les films). Mais ça n’a pas vraiment d’importance !

Les caractéristiques physiques d’une personne ne préjugent en rien de sa capacité à réussir, ni de son niveau d’épanouissement. Alors pas de panique, si votre enfant ne correspond pas aux normes de beauté, ça ne veut pas dire qu’il est condamné à une vie malheureuse, solitaire et sans amour.

Si vous lui montrez de l’amour, de l’affection, de la fierté… vous lui transmettrez ce regard et il sera capable de générer ces émotions pour lui-même grâce à vous, quel que soit son physique.

adulte touche les pieds d'un bébé
Crédit photo : Danijel Durkovic – Unsplash

3.      Reconsidérez votre rapport à l’amour

L’amour est un sentiment extraordinaire ! Sans doute la plus fabuleuse des expériences humaines. Comme évoqué dans l’article sur les langages de l’amour, l’amour est en fait un ensemble d’émotions agréables que nous éprouvons à l’égard d’une personne. Et ces émotions sont générées par les pensées que nous avons vis-à-vis de cette personne.

Une façon d’aborder l’amour maternel est de considérer que, pour toute la durée de notre vie, il nous a été confié une personne, avec ses atouts et ses faiblesses… ⁠
Une personne imparfaite, mais ni plus, ni moins, que toutes les personnes qui auraient pu nous être confiées. ⁠⁠
Et prendre conscience qu’il est de notre responsabilité de nous occuper du mieux qu’il nous est possible de cette personne, pour l’emmener le plus loin possible, et l’accompagner aux plus près de ses rêves et ambitions. ⁠

Concentrez-vous sur les qualités de votre enfant, sur les aspects le concernant qui vous donnent accès à des pensées positives vis-à-vis de lui, pour vous permettre de tisser ce lien d’amour mère-enfant. Son joli sourire, sa petite main qui s’accroche à vous, son regard qui cherche le vôtre, sa sérénité quand il s’endort contre vous…

 

4.      Suspendre son jugement face à la pensée « je trouve mon bébé moche »

Au quotidien, nous formulons des jugements dans nos têtes en permanence. Souvent sans nous en rendre compte. Nous avons l’impression de faire une simple observation, alors qu’en réalité, nous apportons à l’examen des faits une coloration positive ou négative.

C’est normal, c’est un automatisme de notre cerveau qui est conçu pour nous permettre d’évaluer rapidement une situation. C’était très utile pour nos ancêtres dont la vie était constamment en danger.
En revanche, dans nos sociétés modernes, cette capacité au jugement instantané peut nous être défavorable. Un jugement négatif des choses ou des personnes nous apportent généralement des émotions désagréables : désapprobation, hostilité, mépris… Et je ne sais pas vous mais ce ne sont pas mes émotions préférées, surtout vis-à-vis de mes enfants !

Je vous invite à essayer d’évoluer dans votre vie en étant attentif aux pensées de jugement (des autres et de soi). Quand ce genre de pensées apparaît dans votre esprit (le fameux « mon bébé n’est pas beau » par exemple), considérez-les pour ce qu’elles sont, des jugements. Ce ne sont pas des vérités absolues.

Quand ces jugements se présentent à vous, essayez de les suspendre en plein vol. Observez-les avec bienveillance et essayez de séparer votre jugement spontané de l’observation factuelle.

C’est la différence entre se dire « Mon bébé a un gros nez, je ne le trouve pas beau, je suis une mauvais mère » = jugement et « Mon bébé a le nez de mon père » = observation.

Formuler des jugements sur votre enfant ne fait pas de vous une mauvaise mère. C’est un processus normal, tout le monde le fait en permanence. Cependant, observer ces jugements avec curiosité et les considérer comme un chemin d’exploration de soi peut vous permettre de vous sentir beaucoup plus légère !

 

5.      Se faire accompagner et oser en parler

La déception vis-à-vis de son enfant est un sujet difficile à aborder. C’est pourtant un sentiment très fréquent, alors n’hésitez pas à en parler ! Vous pouvez faire part de vos inquiétudes aux professionnels de santé qui vous entourent (à la maternité ou après). Si vous avez besoin d’être rassurée sur la « normalité » de votre enfant, ils seront là pour vous donner un avis « neutre ».

 

Alors stop à la culpabilité ! Le physique de votre enfant est en dehors de votre responsabilité. Si vous jugez votre enfant sur des critères physiques (ou sur son caractère d’ailleurs) ça ne fait pas de vous un mauvais parent.
Ce genre de pensées de jugement peut être pour vous l’occasion d’explorer votre esprit. Pourquoi est-ce que vous jugez négativement telle ou telle caractéristique de votre enfant ? Qu’elle importance accordez-vous à la beauté physique dans vos relations avec les autres et dans votre relation avec vous-même ? 
Ne vous mettez pas la pression et rappelez-vous que vous apprendrez à aimer votre enfant, bien au-delà de son physique !

 

Si vous avez l’impression de lutter en permanence contre la culpabilité dans votre vie de maman, je vous propose un guide anti-culpabilité. J’y ai rassemblé des outils pratiques et un process pas-à-pas pour décortiquer votre culpabilité et vous aider à vous en débarrasser ! Intéressée ? C’est par ici ➡

le physique de mon bébé

Si vous avez des difficultés persistantes à accepter votre bébé, il peut être préférable de vous faire accompagner par des professionnels de santé. Vous pourriez avoir besoin d’être soutenue pour tisser une relation mère-enfant sereine avec votre tout-petit.

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